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La Chine, un partenaire qui comprend mieux les pays en développement

 

Le temps est venu de hisser encore plus haut le niveau de coopération avec la Chine, deuxième puissance économique mondiale, selon la Banque mondiale. Il est aujourd’hui question de promouvoir de nouvelles stratégies de coopération et de consolider les relations avec la Chine, quatrième partenaire commercial de la Tunisie.

Experts, diplomates et géostratèges sont unanimes à faire le même constat : l’organisation du monde change de manière rapide, avec la montée en puissance de l’Empire du Milieu. L’intégration de notre pays en 2018 à l’initiative chinoise «One belt, one Road» (Nouvelle route de la soie) lancée par le Président chinois en 2013, a préparé le terrain pour des partenariats en lien avec de grands projets. Notre pays est appelé aujourd’hui à persévérer dans ce choix et il n’y a pas mieux que le cadre du Forum de coopération sino-arabe qui s’est tenu à Pékin pour mettre en œuvre cette réelle volonté de raffermir les relations bilatérales entre la Tunisie et la Chine.  

Le Président de la République Kaïs Saïed a tenu à le confirmer lors de son discours prononcé à la séance d’ouverture de la réunion ministérielle du Forum, en présence du Président chinois XI Jinping. En effet, le Président a exprimé «l’aspiration à consolider les relations établies entre la Tunisie et la Chine pendant six décennies et d’œuvrer à les hisser à des paliers supérieurs». Comment cela peut-il se traduire, La Presse a invité deux diplomates pour en parler.

Ahmed Ounaies : la Chine est un partenaire fondamental et d’avenir

L’ancien diplomate Ahmed Ounaies explique à La Presse qu’il était nécessaire de marquer la dimension d’équilibre de la Tunisie entre les partenaires traditionnels, c’est-à-dire l’Europe et les Etats Unis, et le reste du monde, notamment la Chine, la Russie et les grands partenaires du tiers-monde. C’était même indispensable.

Il ajoute que cette direction du Chef de l’Etat répond à une nécessité d’équilibre profond voulue par la Tunisie. «La Tunisie a besoin d’investissements et il me semble que la Chine est un partenaire mondial qui comprend bien mieux les pays en développement, même si on peut parler d’un acteur tardif qui est venu depuis une vingtaine d’années. Mais, la Chine est considérée comme un partenaire fondamental, un partenaire d’avenir».

L’ancien diplomate souligne, en outre, que la relation particulière entre la Tunisie et la Chine pourrait progresser et s’orienter vers un avenir prometteur. «Il faut, à mon avis, poser les questions politiques dont celle relative au Grand Maghreb afin de pouvoir rétablir un équilibre et un dialogue à l’intérieur du Grand Maghreb. La Chine pourrait intervenir d’une manière constructive dans ce sens. Sur un autre plan, il faudra mettre fin au massacre à Gaza, en Palestine. Il faudra soulever cette question en dépit des vétos, apposés d’une manière obstinée et volontaire par la partie américaine au Conseil de sécurité et au niveau de toutes les instances internationales».

Ahmed Ounaies conclut qu’«il faut essayer de reconstituer un ensemble face aux acteurs occidentaux qui ont l’air de prendre une certaine suprématie dans l’ordre présent. La meilleure preuve, c’est cette arrogance sans aucune limite manifestée par Israël qui bombarde sans aucun contrôle, sans aucune morale, sans aucune référence à la loi internationale. A mon avis, la Chine devrait aider le tiers-monde à constituer ce tribunal moral et au-delà».

Mohamed Bechir Guellouz : la Chine est une locomotive des Brics, ne pas prendre en considération cette donne, c’est faire fausse route

Nous avons tout à gagner avec cette puissance qui s’affirme sur le plan géostratégique et économique à l’échelle mondiale. La Tunisie a été présente en Chine au milieu des années 80 et a été le premier pays à investir en Chine dans le domaine de la transformation du phosphate en acide phosphorique, grâce à l’implantation d’une usine au Nord de la Chine où travaillaient une vingtaine d’ingénieurs tunisiens.  Historiquement, l’ancien leader Habib Bourguiba et les membres de son équipe, dont Mongi Slim, Sadok Mkadem, Bourguiba Junior, Mohamed Masmoudi, ont été toujours favorables au rétablissement de la Chine dans tous ses droits et la reconnaissance des représentants de son gouvernement au sein de l’ONU. La Tunisie croyait en l’avenir de la Chine, déclare l’ancien diplomate qui a longtemps travaillé dans notre ambassade à Pékin. 

En matière de coopération, les liens se sont consolidés et diversifiés entre les deux pays au fil des années, notamment à la suite de la mise en place du comité mixte sino-tunisien de coopération dans les domaines de l’économie et de la technologie.

A titre d’exemple, il y a lieu de citer les projets d’infrastructures élaborés par la Chine en Tunisie, dont la construction du canal Medjerda mis en service en 1982 et du barrage supérieur Oued Mellègue, sans oublier d’autres projets, comme la rénovation du Centre culturel d’El Menzah, et un autre symbole fort et récent de la coopération entre les deux pays qui s’est traduit par la construction du nouveau bâtiment de l’Académie diplomatique internationale en Tunisie.

Ceci démontre les très bonnes relations que nous entretenons avec la Chine. Par ailleurs, d’autres projets sont en perspective, dont la réalisation de la deuxième tranche du nouveau pont de Bizerte.

La visite du Président Kaïs Saïed tombe à point nommé dans la mesure où la nouvelle coalition économique des Brics s’impose et se développe et où la Chine se présente comme étant sa locomotive. Se placer en retrait et ne pas prendre en considération cette donne sur le plan géostratégique, c’est en quelque sorte faire fausse route. Maintenant nous nous inscrivons dans ce choix qui est bénéfique pour notre avenir économique et politique, c’est le moment de diversifier nos relations, conclut l’ancien diplomate.

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